Les nerfs en bouquet, Noir Desir range l’artillerie lourde pour plus nous jeter l’encrier au visage
“J’ai colere vide l’ame de l’ensemble de ses ressources de fai§on qu’au fond parait la lumiere”, ecrivait Friedrich Nietzsche depuis plus d’un siecle. Reconciliation de l’ecriture ainsi que l’exploration de l’instrumentation, le plus recent album de Noir Desir, Plusieurs visages des figures, semble attester l’idee du furieux philosophe.
Depuis plus d’une decennie, les quatre membres de Noir Desir personnifient une idee du rock francais que personne n’a su rendre avec autant de justesse. Leur implication politique est aussi franche que des guitares acerees qui appuyaient leurs cris, leur message entendu d’un bord a l’autre de l’Atlantique, 5 concernant 5.
Des les premieres notes d’un Enfant roi gorge d’espoir en ouverture de leur plus recent essai, au sein des vagues d’une guitare liquefiee de Manu Chao sur Notre Vent nous portera, puis dans l’appel desespere de L’Appartement, force est de constater que les annees de galeres et de coleres des Noir Dez font place a la sagesse et a l’introspection. Briser le moule: tel etait le mot d’ordre chez des Bordelais.
Pour Serge Tessoy-Gay (guitare), Denis Barthe (batterie), Jean-Paul Roy (a la basse depuis 1996) et Bertrand Cantat (voix), il est en effet devenu vital de renouveler le discours musical et lyrique pour s’extirper du modele etabli:
“On s’est souvent devoile: “Merde, au tourbillon furieux, qu’on ne regrette surtout jamais, ils font quand meme des choses qu’on passe a l’as”, mais ca faisait deja un moment qu’on pensait ca.”, lance le chanteur.
“Mais attends, je crois que au niveau de l’emotion, sur la recherche tres au fond, bien ca se tient. Je n’ai pas l’impression qu’on soit completement sortis rencontre avec un homme hispanique de des rails”. Car bien que des arrangements musicaux s’aventurent plus rarement en terrain conquis, celui du bon vieux rock, l’intention demeure la meme. A elle seule, la reprise arrache-coeur du Des armes de Ferre confirme que si les arguments ont change d’apparence, le combat demeure le aussi.
“Toutes ces nuances et ces facons de penser ouvrent des perspectives incroyables, confie le chanteur a propos des nouvelles avenues empruntees. Je n’ai pas envie d’utiliser des termes comme maturite ou ce type de connerie, mais je dirais que tu oses faire la plupart choses a Divers moments. Il faudra oser, cela n’est pas forcement gagne quand tu es dans un tourbillon furieux et que ton expression reste toujours la colere.”
Notre doute tel moteur Un accomplissement en trempe de Des visages des figures ne se realise gui?re sans heurts. Le service temoigne peut-etre d’un apaisement dans le ton des rockers enrages, ils n’ont pas pour autant perdu l’habitude de questionner leur fonctionnement, de jauger la justesse, facteur primordial. Comme l’avouait Cantat a Notre sortie du disque, “jamais un album n’avait necessite un tel questionnement”. Et le tarifs de cette justesse ne se calcule jamais en euros, mais en ecchymoses emotives.
Notre prix a payer, c’est donc d’etre au bord de l’eclatement chaque jour, de cultiver l’esprit d’urgence. Et le groupe dont des tourments n’ont cesse d’alimenter les rumeurs de rupture poursuit dans une telle meme veine qui, singulierement, a su le maintenir a flot depuis des debuts, preferant le conflit a toutes les habitudes redhibitoires. Le sursis perpetuel. “Tu tombes au sujet qui est des fois douloureux, quelquefois extraordinaire. Cela n’y a pas de routine qui puisse nous etre solide. Quand tu remues le cocotier et que tu te remets vraiment en question, tu prends le risque que chacun ne soit gui?re a la meme vitesse – j’ai l’habitude de ca parce que je suis un provocateur de plein de choses -, c’est pas forcement le bon moment Afin de certains. Inevitablement, tu te retrouves au bord du split ou dans le loisir de split permanent. Sinon, ca souhaite penser que t’es seulement dans un groupement d’interets et puis que tu as bien compris la recette et que tu la refais. Chez nous, s’il n’y a pas de remise en question, il n’y a rien. Tant pis Afin de ce que ca implique de plus difficile.”
